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© Jeremie Lecaudey / BPCE

Maxi Banque Populaire XI :
une conception structurelle entièrement revue

Mis à l’eau le 27 avril après deux ans de construction chez CDK Technologies, le Maxi Banque Populaire XI impressionne par le soin palpable apporté à l’aérodynamique et l’envergure inédite de ses foils. Plus aérien que Banque Populaire IX dont il est issu, le nouvel Ultim d’Armel Le Cléac’h est aussi plus lourd… Un paradoxe que nous explique Xavier Guilbaud, l’architecte naval en charge du projet chez VPLP Design.

A trois ans d’intervalle, difficile de ne pas comparer le Maxi Banque Populaire XI à son prédécesseur, dont il reprend d’ailleurs les formes de coque et le gréement – même si la coque centrale a été redessinée, à la différence des flotteurs. « Le design brief a commencé il y a cinq ans avec le précédent Ultim d’Armel, confirme Xavier Guilbaud. Nous ne partions pas d’une feuille blanche et malgré l’avarie majeure dans la Route du Rhum en 2018, le bateau était globalement bien né, même s’il est évident que nous n’avions pas le droit à l’erreur. On a donc repris tout ce qui marchait bien et fait évoluer tout ce qui était améliorable, compte tenu des enseignements que nous avons pu tirer de ce qui est arrivé sur la Route du Rhum et de tous les retours que l’équipe nous avait faits des quelques mois de navigation du bateau. »

Une double structure interne au bras

Réalisé en collaboration avec GSea design, le dimensionnement de la structure a bénéficié des enseignements des précédents bateaux, mais aussi d’un changement de conception du bras avant. « Traditionnellement, la face arrière du bras reprend l’effort de flexion et le carénage se charge d’encaisser la torsion de la plateforme. Là, nous avons réalisé une double structure interne au bras, qui reprend simultanément les deux efforts. Le carénage participe à la structure, bien sûr, mais en supplément. S’il vient à être endommagé, le bateau ne perd pas son intégrité et peut rallier un abri en sécurité », explique Xavier Guilbaud.

Reste que l’accroissement notoire des vitesses par rapport à la génération précédente de maxi-trimarans – notamment au près face à la mer formée – a nécessité un renforcement des dits-carénages, particulièrement sollicités. Sur BP XI, leur capacité à encaisser des chocs a été doublée. « Un bateau comme Idec Sport (ex Groupama 3) plafonne à 18 nœuds face au vent et aux vagues, alors que les nouveaux Ultims peuvent naviguer à 30 nœuds à des angles assez fermés, poursuit l’architecte. Sur Banque Populaire XI, les panneaux de carbone des bras sont conçus pour résister à 50 tonnes par m2, là où Idec Sport était dimensionné pour 20, et Banque Populaire IX ou Actual Ultim 3 (ex Macif) pour 30. »

Un accroissement de masse assumé

Au final, l’accroissement de masse est significatif, mais assumé. Le Maxi Banque Populaire XI pèse ainsi 16 tonnes, mais sera plus aérien que son prédécesseur, grâce notamment à des appendices beaucoup plus grands. Plus rapide, il sollicitera encore plus sa structure. Les fonds de flotteurs ont donc été eux aussi renforcés pour compenser les chocs liés au slamming, lorsqu’ils retombent sur l’eau. Changement de paradigme, là encore : la construction en monolithique avec un réseau de lisses a été préférée au sandwich nomex, utilisé précédemment.

Si la conception a évolué, la technique, elle aussi, progresse continuellement. Bras, crosses, fonds de coque sont désormais équipés de fibres optiques. L’acquisition de données fait partie du quotidien de ces nouveaux Ultims, ce qui suppose d’importantes ressources dans l’équipe pour analyser les millions de data qui découlent de chaque sortie. En navigation, le skipper qui, lui, a d’autres chiffres à fouetter, pourra néanmoins être prévenu par une alarme indiquant la rupture du signal d’un de ces capteurs. Rupture qui a toutes les chances de signifier qu’il est temps de lever le pied…