© Antoine Auriol / Team Malizia

Les secrets d’une carène très typée

Architecte chez VPLP Design depuis 2010, spécialisé dans le dessin des carènes de monocoques (Imoca, Figaro Beneteau 3, Comanche…), Daniele Capua décrypte le parti pris de la carène de Malizia.

Suite aux difficultés rencontrées par les skippers dans la grosse mer lors du Vendée Globe 2020, de nombreuses étraves d’Imoca ont été rabotées et certains bateaux de génération 2022 ont opté pour des formes moins tendues. Travailler uniquement sur l’étrave ne suffit pas, explique Daniele Capua. Ça ne permet pas de modifier réellement l’assiette du bateau en dynamique. Et de toute façon, si tu forces un bateau type génération 2020 à cabrer, la traînée induite, notamment par les formes arrière, devient très néfaste aux performances.”

C’est donc sur la répartition globale des volumes qu’il faut intervenir, un travail qui n’est d’ailleurs pas toujours facile à décrypter de l’extérieur : “Beaucoup d’observateurs pensent que Malizia a beaucoup de volume à l’avant. C’est pourtant l’Imoca le moins typé scow, avec une largeur au pont plus faible dans les premiers mètres et une pente d’étrave qui crée une forme d’élancement pour rendre la pénétration dans l’eau très progressive.” A cette caractéristique s’ajoutent une ligne de quille plus bananée, un rocker marqué et des sections plus fines au tableau pour pouvoir enfoncer l’arrière.

Bref, une carène moins tendue qui a des avantages, mais aussi des inconvénients : Nous n’avons jamais passé autant d’heures de CFD sur un projet que sur Malizia, poursuit Daniele Capua. Les avantages de cette carène au portant fort dans la grosse mer apparaissent très clairement sur les simulations dynamiques. Le bateau cabre, l’étrave ne fait plus pivot en cas de planté, la vitesse est plus linéaire. Mais sur mer plate au reaching, c’est une carène moins performante que celle de l’ancien Hugo Boss qui était notre bateau référent dans l’analyse. C’est un choix philosophique que Boris a complètement assumé.”

Un choix qui peut se révéler payant également dans les petits airs car ces carènes ont moins de traînée aux faibles angles que les Imoca très tendus. Ce qui, selon l’architecte, ”reste un atout relatif sur le bilan des allures d’un Vendée Globe, où il n’y a pas beaucoup de petit temps.”

 

© Marie Lefloch / Team Malizia

 

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