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EO3, le futur navire laboratoire d’expédition d’Energy Observer

Dévoilé le 6 juin dernier à Nice à l’occasion de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC), EO3, le nouveau navire laboratoire d’Energy Observer, a été conçu pour explorer de nouvelles solutions de décarbonation maritime et énergétique. Sa conception architecturale est en phase d’achèvement chez VPLP Design pour une mise à l’eau prévue au printemps 2027. Explications par Simon Watin, directeur général associé de VPLP, et Annabelle Clémenti, architecte navale en charge du projet. 

Pour dessiner son navire laboratoire destiné à prendre le relais de son prédécesseur, EO1, pour l’expédition 2025-2033 et intitulée En quête de la neutralité carbone, Victorien Erussard a de nouveau fait appel au savoir-faire de VPLP Design. Une forme de continuité puisque les liens qui unissent l’agence et l’équipe d’Energy Observer datent de 2015« C’est à cette époque que Marc Van Peteghem avait rencontré Victorien, rembobine Simon Watin. VPLP lui avait donné un coup de main pour dessiner la nacelle centrale d’EO1, qui avait aussi été l’un des tout premiers navires équipés de la solution Oceanwings.«  

Un partenariat « gagnant-gagnant »selon ce dernier, puisque les ailes développées par VPLP Design et installées sur l’ex-catamaran Enza de Peter Blake ont pu ainsi être validées sur les 68 000 milles parcourus en sept ans par l’ancien détenteur du Trophée Jules Verne lors de l’odyssée 2017-2024 d’Energy Observer. De l’Europe au Japon, des Etats-Unis au Spitzberg, EO1 n’a eu de cesse lors de ce voyage au long cours inaugural de faire la promotion de solutions d’autonomie énergétique et de rencontrer des porteurs de projet.

C’est encore dans cet objectif qu’a été imaginé le futur navire laboratoire d’Energy Observer. « EO3 sera à la fois un bateau d’expérimentation, un catamaran d’expédition et une plateforme de rencontresCe sera également un navire aux standards de la marine marchande », poursuit Simon Watin.

Long de 30 mètres pour 12 de large et un déplacement de 125 tonnes, ce catamaran sera propulsé par quatre Oceanwings, dont la position et l’encastrement n’empièteront pas sur les espaces de vie. Destiné à accueillir 18 personnes en navigation hauturière dans de bonnes conditions de confort, il opère un changement d’échelle radical par rapport au précédent. « La limite d’EO1 était liée à sa taille et à ses accès restreints qui obligeaient à adapter les technologies. Là, les volumes n’ont rien à voir, ce qui va permettre de mettre en place les technologies énergétiques identifiées dans le programme de l’équipe, mais aussi d’embarquer au fil du temps d’autres prototypes de systèmes de production d’énergie décarbonée pour les tester et les valider au large », assure Simon Watin. 

La consultation des chantiers a été lancée avec une forte volonté de construire ce navire en France« Les coques seront en aluminium et nous aimerions que les superstructures soient en composite, détaille Annabelle Clémenti, cheffe de projet chez VPLP Design. Ça complique la partie réglementaire, mais le gain de masse serait significatif avec également plus de liberté dans le design », domaine dans lequel l’agence collabore sur ce projet avec le designer automobile Félix Godard.

Équipé de 140 m2 de panneaux solaires sur le pont, EO3 vise l’autonomie totale en produisant, en complément, de l’énergie issue de l’ammoniac« Ils auront à bord un craqueur qui permet de séparer l’hydrogène contenu dans l’ammoniac pour alimenter des piles à combustible, ce qui est une voie assez prometteuse », poursuit l’ingénieure. L’état de l’art actuel de la technologie des piles propose en effet trois sources d’énergie : l’hydrogène, très complexe à stocker, le méthanol, dont la combustion a l’inconvénient de dégager du CO2, et l’ammoniac. « Chacune a ses avantages et ses inconvénients. L’ammoniac est séduisant car zéro carbone, mais il faudra contrôler ses émissions de NOx (oxydes d’azote) pour ne pas exposer l’équipage », précise Simon Watin. 

Expérimental par nature, EO3 se veut ainsi une plateforme de tests de solutions propres, avec l’ambition d’ouvrir la voie à des projets à vocation industrielle et réglementaire. « Energy Observer a été lancé à l’origine par des marins issus de la course au large qui ont peu à peu professionnalisé leur démarche, au point qu’aujourd’hui, Victorien et son équipe ont l’oreille des affaires maritimes, des sociétés de classification et des industriels. Ils sont très crédibles et nous sommes heureux de les accompagner« , conclut Simon Watin.